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Un très beau bouquet final de la 4e édition de la Semaine de la Pop Philosophie au Théâtre de la Criée le samedi 27 octobre. De 20h à 2h du matin, des sujets et intervenants variés qui raviront les esprits les plus curieux: « la télé-réalité est-elle un art? », « Fame: still alive… », « Mon iPhone philosophe » et bien d’autres sujets surprenants encore, avec Adèle Van Reeth, philosophe et productrice chez France Culture, en tant que modératrice.
Et en plus, cette Nuit de la Pop Philosophie est une première dans le monde de la philosophie et à Marseille en plus….Alors pourquoi s’en priver? En tous cas, Marseille en Goguette ne s’en privera pas!
François Jost (philosophe) – Pop Story. La télé-réalité est-elle un art?
En 2001, les Cahiers du cinéma classaient Loft Story parmi les dix meilleurs films de l’année. Les critiques des Cahiers se trompaient évidemment à ancrer le phénomène Big Brother dans le grand art. Néanmoins, si l’on considère l’art du XXe siècle comme une tentative de transfiguration du banal en œuvre, comme nous invite le philosophe américain Arthur Danto, il n’est pas absurde de se demander si la « télé-poubelle » ne fait pas partie, à sa manière, de cet art d’accommoder les restes qu’est l’art contemporain.
Jean-Michel Espitallier (écrivain) – Fame : still alive…
Hommages à répétition, nostalgie généralisée, règne des épigones, des revivals et des copies, le star system semble aujourd’hui se dupliquer lui-même et se nourrir d’une sorte de paradis perdu. Mais que sont devenues nos idoles? Définitivement oubliées? Ou au contraire définitivement inscrites dans le marbre de notre mémoire collective? La lecture-performance de Jean-Michel Espitallier donne quelques pistes…
Raphaël Enthoven (philosophe) – Le Salaire du vice
Par-delà ce qu’elle dit, que signifie la fausse question « Vous avez la carte de fidélité ? » qui, de la grande surface à la supérette, du parfumeur au libraire, du fleuriste à l’opticien constitue en général la seule phrase qu’on entend au moment de passer à la caisse… Pourquoi nous force-t-on la main ? Comment répondre à ce genre d’injonction ? La fidélité est-elle encore la fidélité quand elle est ainsi récompensée ?
Marjolaine Boutet (philosophe) – De Voltaire à True Blood : les mutations de la figure du vampire à travers les âges
Aujourd’hui comme hier, le vampire fascine, interroge ou rebute. Qu’y a-t-il donc dans cette créature qui excite autant l’imagination des hommes ? Comment se fait-il qu’en 2012, les histoires de vampires aient toujours autant de succès ? Le but de cette intervention est de tenter de comprendre pourquoi cette créature imaginaire a une place si particulière dans la culture populaire occidentale, et comment les histoires de vampires, du clergé-vampire de Voltaire au vampire-prince charmant de Twilight, en passant par Dracula et bien d’autres, ont accompagné l’imaginaire des occidentaux depuis plus de deux siècles. À la fois vivant et mort, puissant et contraint, le vampire peut être tout ce que nous sommes, tout en nous rappelant constamment tout ce que nous ne sommes pas. Les histoires de vampires nous parlent donc de la vie et de la mort, des lois de la nature et de la société, du Bien et du Mal, et représentent notre désir profond de nous soustraire à tout cela. Elles sont aussi des moyens pour les hommes de se défaire ou de remettre en cause les vérités assénées par la religion et/ou la science, de formuler leurs désirs et leurs peurs, par le biais de la fiction.
Francis Wolff (Philosophe) – Philosophie de la Corrida : de Platon à Épicure
« Ne pas se moquer, ne pas dénigrer, mais comprendre », telle devrait selon Spinoza être la première attitude du philosophe. La corrida est un sujet polémique avant même d’être un objet d’interrogation. Elle se prête donc plus aux passions qu’à la raison. On s’efforcera d’oublier un instant les passions, sans prendre la raison trop au sérieux. Nous ferons comparaître les valeurs de la corrida à l’aune des concepts les plus fameux des grandes philosophies de l’Antiquité. Elles nous ont en effet légué quelques concepts encore vivants jusque dans la philosophie populaire. Platon, c’est l’idée d’ »Idée », l’idée d’un être qui ne serait que ce qu’il est : c’est la représentation du torero-torero triomphant. Aristote, c’est l’opposition de la puissance et de l’acte — l’image de la bravoure du taureau qui se réalise dans l’arène ; c’est aussi l’art comme imposition d’une « forme » à une « matière » : n’est-ce pas ce que vise à faire l’art tauromachique avec la charge du taureau ? Les Stoïciens nous ont livré une attitude exemplaire, celle de la liberté intérieure, fruit de la distance mentale avec ce qui ne dépend pas de nous : c’est l’éthique même du torero. Quant aux épicuriens, avec leur double théorie du plaisir, en repos et en mouvement, ils nous donnent la clé de toutes les joies de l’arène.
Elie Düring (Philosophe) – Qu’est-ce que le rétro-futurisme ?
La série télé « Les Mystères de l’Ouest », comme l’adaptation récente des aventures de Sherlock Holmes au cinéma, télescopent allègrement les époques en projetant sur la scène d’un passé historique des éléments technologiques issus de son propre futur, ou alors en imaginant, à la manière du genre « steam punk » inauguré par La Machine à différences de Bruce Sterling et William Gibson, un cours alternatif de l’histoire, un univers où l’ordinateur serait né un siècle plus tôt, en pleine Angleterre victorienne, par le truchement de la machine à vapeur. « Rétro-futurisme » désigne de manière générale le style et l’atmosphère uchroniques attachés à ces perspectives temporelles aberrantes dans des domaines aussi variés que la littérature, le cinéma, l’architecture, la musique, les jeu vidéos, l’art contemporain, le design ou la mode. Nous proposons de « durcir » un peu ce concept pop pour le faire servir à des fins spéculatives, et plus précisément à une enquête sur le mode d’existence du futur. Il faudra pour commencer distinguer le rétro-futurisme de ce qu’on pourrait appeler le « futurisme rétro » : une vision du futur qui se donne rétrospectivement comme datée, et peut-être comme immédiatement périmée dès sa première occurrence, à l’image de certaines rêveries de Jules Verne ou de la maison « Bulle » d’Antti Lovag. On tâchera ensuite de dégager, en s’appuyant sur des exemples tirés du cinéma de science-fiction, de la musique pop et du design graphique, l’affect proprement rétro-futuriste:la nostalgie qui accompagne la vision d’un futur virtuel dessiné en filigrane dans la trame du présent, futur mort-né et pourtant sourdement actif.
Vincent Billard (Philosophe) – Mon iPhone philosophe
Les produits Apple (iPhone, iPad, iPod, iMac…) sont aujourd’hui mondialement célèbres. La philosophie a-t-elle quelque chose à en dire? On peut proposer trois approches. Esthétique : les produits Apple sont considérés comme beaux. Pourquoi ? Qu’est-ce qui esthétiquement séduit chez eux ? Comment caractériser cette beauté ? Éthique : les produits Apple sont considérés comme « fermés ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Comment définir l’état d’esprit qui préside à leur élaboration et à leur fonctionnement ?Ontologique : avec un iPhone dans ma poche, ou un iPad sous mon bras, j’ai un dilemme ontologique à résoudre, sur lequel les philosophes ne sont pas d’accord : l’iPhone est-il un objet nouveau, une réalité inédite apparue dans le monde ou rien d’autre qu’une chose très ancienne simplement remise au goût du jour ? On essayera de répondre à ces questions et dans une brève conclusion d’esquisser l’approche fondamentale qui manque, à la fois politique et économique : les créations d’Apple sont-elles d’inutiles produits construits de manière immorale dans les usines asiatiques en exploitant pour une classe de nantis les ressources précieuses de la planète ?…
Horaires: de 20h à 2h
Tarif: Nuit de la Pop Philosophie – 10€ plein tarif/ 6€ tarif réduit
Réservation en billetterie : Théâtre National de Marseille – la Criée 04 91 54 70 54
Adresse: 30 Quai Rive Neuve 13001 Marseille